UNE UNIVERSITÉ FACTICE POUR PIÉGER LES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS
Digne d’un scénario de film, les services d’immigration ont fait preuve d’audace en créant une université factice dans le but d’arrêter les étudiants étrangers se servant d’un visa étudiant pour rester vivre aux USA.
L’UNIVERSITÉ DE FARMINGTON
Cette université américaine faisait bonne figure et ressemblait en tout point à une école officielle. Située dans le Michigan, l’école possédait un site internet, une page Facebook avec plusieurs événements en cours, une armoirie, une devise et sa propre adresse physique. Mais tout cela n’était qu’un leurre, car ni programme, ni classe et ni professeur n’existait. En réalité, l’Université de Farmington servait de façade pour les services de l’immigration américains dans l’unique but de démasquer les réseaux de fraude à l’immigration.
Finalement, ce scénario a fait ses preuves, car l’opération (nommée “paper chase”) a permis l’arrestation de plusieurs étudiants étrangers fin janvier. Parmi les 600 étudiants étrangers (principalement d’origine indienne) tombés dans le piège, huit ont été désignés “agents recruteurs” et sont accusés d’avoir utilisé des documents falsifiés afin de créer de faux dossiers étudiants. Un agent des services des douanes a déclaré “ces suspects ont aidé des centaines d’étrangers à rester aux États-Unis illégalement en les aidant à se présenter comme des étudiants qu’ils n’étaient pas”.
UNIVERSITÉ FACTICE : LA MÉTHODE FAIT DÉBAT
Même si l’acte d’accusation affirme que les huit “agents recruteur” avaient conscience de la fausse identité de l’école, aucun acte fait mention du consentement des 600 autres étudiants. Ainsi, le gouvernement indien désapprouve ces méthodes et juge que ses citoyens ont été manipulés par les services américains de l’immigration. L’avocat d’une jeune palestinienne assure, quant à lui, que la jeune femme n’a jamais douté de la réelle existence de l’université.
Aux États-Unis, la méthode employée indigne également : “Ils s’en prennent à des étudiants qui essaient d’améliorer leur existence, ce ne sont pas des criminels” conteste le professeur de droit, Amer Zahr, exerçant à l’Université de Détroit. « Normalement, nous aimerions que nos forces de l’ordre enquêtent sur des crimes qui ont réellement lieu plutôt que de dépenser du temps et des ressources à inciter au crime dans des opérations montées de toutes pièces », ajoute Faiza Patel, membre du Brennan Center for Justice de l’Université de New-York.
En ce moment même, 150 étudiants d’origine indienne sont menacés d’expulsion du territoire américain. L’ambassade indienne à Washington a ouvert une ligne téléphonique pour les familles des étudiants arrêtés.
L’IMMIGRATION AUX USA, UN PROBLÈME MAJEUR
En 2016, on comptait près de 43 millions d’immigrés aux États-Unis. Le regroupement familial est le premier motif d’immigration devant le travail, les demandeurs d’asile et les visas de diversité (loterie de la carte verte). Aux côtés de cette immigration légale, les États-Unis doivent faire face au fléau de l’immigration illégale, principalement latino-américaine.
Le président des États-Unis, Donald Trump, a fait de l’immigration illégale un thème majeur de sa politique en proposant notamment de construire un mur séparant les États-Unis d’Amérique du Mexique. Véritable obsession du président, l’envie de construire un mur anti-immigration a engendré le shutdown le plus long de l’histoire des USA, privant le financement des principales administrations. Le shutdown n’ayant pas permis de récolter les 5 milliards de dollars nécessaires à la construction du mur, Donald Trump a décrété une “urgence nationale” afin de contourner le Congrès et obtenir le financement, ce qui a provoqué un recours en justice de plusieurs états américains. Affaire à suivre.